XXIII Glandouille à Cafayate partie 2

La Quebrada

Cafayate est au milieu des montagnes et respire la tranquillité.
Les gens laissent leur vélo sans cadenas dans la rue, chaque personne croisée m'offre son sourire, les gosses s'amusent tranquillement dans la rue sous le regard des mamans qui papotent et les gauchos rentrent chez eux à cheval...










Sur la route qui remonte à Salta on retrouve un paysage sous-marin incroyable : une quebrada.
L'intérêt de la Quebrada réside en une succession de formations étranges nées de l'érosion.
Voilà ce que ça donne :








la nature a carrément créé un amphithéâtre naturelchacun vient pousser la chansonnette




















La leçon de tango

Lorsque j'étais sur la Ruta 40 j'ai rencontré une super nana qui tient une très belle auberge et qui m'a donné le numéro de téléphone d'un professeur de tango qui habite à Cafayate.
Après l'avoir contacté je me rends à l'hôtel qu'il gère avec son épouse dans une magnifique demeure argentine du 18ème siècle.
Lorsqu'on se rencontre je suis surexcitée et lui explique que je veux danser le tango 3h par jour tous les jours. Après ce monologue digne d'une fanatique du tango il marque une pause et me dit " Tu fais comme tu le sens mais pour moi l'apprentissage c'est accepter de prendre son temps pour écouter, pratiquer et laisser tout ça mûrir en soi.
Pour le tango je pense qu'il faut laisser du temps au corps pour intégrer les choses et ce n'est pas la quantité d'heures d'apprentissage qui compte c'est surtout ta disposition à recevoir et intégrer. Pour cela tu as besoin de pauses, de faire autre chose, de laisser reposer le corps et l'esprit".

....

Comme dirait Perceval dans Kaamelott : "c'est pas faux!"

Et c'est ainsi que nous commençons des cours personnalisés avec un peu de yoga, des respirations puis il met la musique et...nous marchons. Oui, le tango c'est avant tout une marche. Pour lui le tango n'a rien de machiste. C'est une histoire de communication silencieuse, d'écoute entre deux êtres. On pourrait dire que l'homme "dirige" mais pour moi il fait des propositions, écoute le rythme de la femme, doit sentir sur quel pied elle est, la protège de l'environnement qui l'entoure. Quant à la femme elle doit faire confiance à l'homme puisqu'elle danse à reculons, elle ne voit pas où elle va et c'est elle qui gère le temps. Oui il y a un rythme à trouver à 2 qui ne dépend pas uniquement de l'homme puisque en trouvant l'équilibre les deux vont pouvoir se déplacer ensemble et harmonieusement. Si l'homme n'est pas à l'écoute il peut "stresser" la femme, lui écraser le pied, ne pas partir ensemble, bref c'est très subtil!
Comme me dit Ramiro "Le plus difficile pour la femme c'est d'accepter de s'abandonner totalement, de ne pas contrôler la danse ou de vouloir faire à la place de l'homme".
Dans sa vision du tango j'ai un sentiment d'équilibre entre le féminin et le masculin dans sa dimension sacrée, pure, simple.

la belle salle où j'ai pris mes leçons de tango




Lo de Chichi

Maintenant que j'ai les leçons de tango j'ai besoin d'un lieu pour manger et dormir gratuitement. Alors c'est parti je m'en vais faire la tournée des hôtels. Je le sentais c'était le bon moment. Après 2 refus j'arrive dans un troisième hostal (auberge de jeunesse) où je fais la connaissance de Luis.
Luis et Tony sont les gardiens de l'hostal. Ils m'accueillent comme un membre de leur famille et respectent mon silence et ma méfiance. Au bout de quelques jours je me sens comme chez moi et commence à m'ouvrir à eux.
Tous les matins à 7h je suis debout pour préparer le petit déjeuner, faire les chambres et le ménage jusqu'à 13h.
À chaque nouvel arrivant dans l'hostal Luis et Tony me présentent comme "un caramel enrobé de chocolat" et me couvrent de compliments.
Pour eux, les compliments et l'amour porté envers chacun c'est la base d'un travail bien fait.
Il est vrai que j'ai vraiment envie de donner le meilleur de moi-même quand on me valorise et prend soin de moi...bon dieu pourquoi on utilise pas ce système dans nos grandes entreprises ?!!!
Non seulement je me sens choyée mais ils font de même entre eux. Ils n'ont pas peur de se prendre dans les bras, de se dire qu'ils s'aiment, de se dire les choses quand ça ne va pas, de s'engueuler parfois...mais au moins ça communique miladiou!
Ils me font confiance.
A tel point que pendant une journée je me retrouve à gérer l'hostal tout entier ! Y'a pas à dire l'expérience vaut tous les livres du monde !
Pendant 1 mois et demi j'adopte un nouveau rythme et les rencontres de voyageurs se multiplient. Surtout des français et des argentins. C'est fou ce que les français voyagent. D'ailleurs j'ai beaucoup entendu "C'est simple dans n'importe quel pays du monde tu soulèves un cailloux y'a 15 français en dessous ". C'est vrai. Et ça fait du bien de rencontrer son peuple ailleurs, sur une autre terre, se re-découvrir.

Le jardin de l'hostal

le petit matin

Luis et Tony, guitare et feu de camp

l'hostal Lo de Chichi


Notes en vrac sur la culture argentine

Mettre de l'eau gazeuse dans du vin rouge avec des glaçons

Manger des assados tous les dimanches.

ASSADOOOOOO


Lorsque je dis : merci je vais me faire des légumes car je n'ai pas envie de viande aujourd'hui et qu'on me répond "mais je cuisine du poulet!"

Les mots doux entre argentins même quand on ne se connaît pas: mon amour, mon coeur,mon frère, mamita, papa.

Les mots doux pour dire au revoir : 
 ciudate ----prends soin de toi
Que te vayas bien ----que tout soit le mieux pour toi
Le systématique : holà accompagné de "que tal"

Découvrir que bugs bunny dit " que tal viejito?" ("ça va mon vieux?") Et non "quoi de neuf doctor ?"

Lorsqu'on fait à manger pour soi on fait systématiquement pour plusieurs car n'importe qui peut s'inviter et c'est important qu'il y est à manger pour lui.

Sortir l'après midi et voir que tout est fermé entre 14h et 18h car c'est l'heure de la sieste.

Manger le déjeuner à 15h, dormir de 19h à 22h, sortir pour manger à 23h, aller boire un verre dans les bars vers 1h30 du mat et sortir danser à 4h.
Me coucher à 2h et m'entendre dire "mais t'es parti méga tôt!!!"

Se faire des abrazos par milliers

Déjeuner typique :
Pain blanc avec du dulce de leche (sucre mélangé avec du lait jusqu'à obtenir un genre de caramel bien gras). Pour les plus courageux on peut rajouter du beurre salé sur le pain en plus du dulce de leche.
Le tout accompagné d'un maté ou d'un café au lait.

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