IX Glandouille à Pucon


Au retour de Rapa Nui j'en profite pour revoir les belles rencontres faites à Santiago.
L'adaptation à la ville est un peu rude et je ne sais pas trop où aller pour la suite de mon voyage...

Comment prendre une décision grâce à un match de foot.

Bref, c'était un soir où l'hôtel était rempli d'argentins,chiliens et colombiens qui s'extasiaient devant un match de foot trèeeees important.
Un chilien éméché (ayant déjà accompli sa troisième mi-temps bien avant le match) a voulu rentrer dans l'hôtel.
Marcel, le gérant, lui a dit " NO" ce qui a pas plu au Chilien qui lui a dit "SI" en lui explosant le crâne contre la porte ce qui activa le sol dièse vocal d'une fille à côté d'eux. Marcel a dit :" no problemo todo bien" mais la fille étant bloquée sur une fréquence de 3500Hz  ça a servi de happeau pour que les colombiens descendent en meute devant l'entrée de l'hôtel.
Voyant la gueule ensanglantée de Marcel, le leur n'a fait qu'un tour.
Réaction de colombiens pas contents : aller dans la cuisine et prendre des couteaux. Etant moi-même figée dans la cuisine avec mon thé j'exprime naïvement mon point de vue sur cette idée que je trouve violente et pourrie. On me répond avec un grand sourire que c'est pas  méchant, c'est juste l'occaz de jouer aux fléchettes sur matière vivante...
Marcel les arrête en plein vol et le chilien ivre est déjà parti depuis un bout de temps, il ne se passera rien de plus.
Étant la seule d'aplomb je m'offre le luxe de faire une visite de nuit à l'hôpital public de Santiago pour que Marcel se fasse recoudre le crâne après lui avoir suggéré que non, ce n'est pas en recollant sa peau avec ses doigts que tout allait disparaître .


L'hôpital public de Santiago :
Une grande salle où des tas de chiliens s'entassent les uns sur les autres, certains dormant sur le sol, d'autres grignotant des completos (hot-dog local) ou se prenant en selfie (si si même avec du sang partout faut le partager sur Facebook) mais tous face à la télé diffusant les images d'un reality show portant le doux nom de "Volverá con su ex ?!" ( se remettra-t-il avec son ex?!).
Et c'est là, à 2h du matin, dans l'odeur de crasse et de sang caillé, à regarder un infirmier faire de la couture sur le front de Marcel,  dans cette fin de soirée digne d'un film de Kusturica que je me dis que je n'ai plus rien à faire ici et que ma prochaine destination sera Pucón dans le sud du Chili.

Rencontre avec le Sud

Après une nuit dans le bus je me réveille avec les paysages du sud du Chili. Du vert, des arbres immenses, des forêts qui n'en finissent pas, des rivières, des lacs, des volcans...surtout un volcan : Le Villarica.
Il fait parti des volcans les plus actifs du Chili et la dernière fois qu'il s'est mis à tousser c'était en Avril 2015.
Pucón se situe à 20 km à peine du volcan et est bordée par un lac magnifique. C'est un genre de Annecy, très touristique mais lorsque j'y vais il n'y a pas un chat!!! La plage de sable noir est immense et je peux encore profiter des derniers jours du soleil avant l'arrivée de l'hiver (la nuit il fait 2 degrés quand même).





DJ River et la voix de Camille.

Je me décide à aller aux termes naturelles du coin (il y en a des tas) histoire de me réchauffer la carcasse. Je ne suis pas déçue. Des piscines naturelles en pierres remplient d'eau brûlante se déversant dans d'autres un peu plus fraîche le tout rythmé par le son de la rivière qui serpente à côté.






Le lendemain je me décide à rencontrer mon nouvel hôte Julien, charpentier-ébéniste, qui m'accueille dans sa grande maison en bois face au volcan. Le luxe.
Il m'emmène voir los ojos del Caburga, une autre réserve naturelle où cascades se succèdent faisant apparaître une rivière translucide le tout entouré d'arbres majestueux et centenaires.
Nous passons des heures en béatitude devant une cascade en écoutant la super compilation musicale que nous offre la rivière.
Nous rentrons et j'ai pour mission de ne rien glander à part regarder le coucher du soleil sur le volcan pendant que lui et son cousin préparent le repas. PARFAIT.
En même temps ils me font découvrir leur musique, ils adorent la guitare et sont fans de...Camille qu'ils écoutent toute la journée!!!






le volcan face à la maison de Julien !


Peurs, leçon de voyage, Pucón à un message pour moi.

Ce qui me plaît à travers ce blog c'est partager ce que j'apprends avec le plus d'authenticité.
L'aventure suivante est un peu plus intime mais j'ai décidé de vous la conter car je pense que le sujet nous touche tous plus ou moins puisqu'il s'agit de l'argent.

Les faits :

Un soir nous sortons en ville avec Julien juste le temps de raccompagner son cousin au terminal de bus et lui dire au revoir.
Lorsque nous rentrons les lumières sont allumées, la porte forcée, les vitres ouvertes et les affaires de chacun éparpillées sur le sol.
Bon c'est un cambriolage quoi!
Dans mon sac il y avait 1000€ en liquide qui, évidemment, ont disparu.

Là j'ai très clairement sentie que je me divisais.
En gros voilà ce qui s'est passé à l'intérieur de moi :

Réaction numéro 1 : Le monde entier est un cactus

WAAaaaaaaa injustiiiiice, ouinnnnn, je vais mourir, le monde est pourri, je ferais plus jaaaaamais confiance à personnnne, tout est foutu, je ne peux pas continuer mon voyage, je vais exploser la tête de ce Biiiiiip de biiiiip de biiiiiip et lui faire manger ses biiiiiip (pas content pas content pas content)

Petite voix : Et hop une expérience en plus pour apprendre ! C'est pas si grave. Puis tu peux                                      demander de l'aide.

Intermède 1 : Être entourée

Béni soit internet qui me permet de parler à ma famille, amis, d'entendre leur voix calme et apaisante.
Béni soit ceux qui habitent aux 4 coins du monde car à n'importe quelle heure je peux joindre quelqu'un!!!
Ainsi je suis considérablement aidée pour faire face à cette situation, appeler la police locale, comment agir avec eux, quelle décision prendre etc...

Le lendemain, après une nuit blanche :

Réaction numéro 2 : Le doute

Peurs, colère, c'est dimanche tout est fermé je ne peux pas joindre l'assurance, et si c'était un plan pourri de Julien ? Si c'était lui le voleur ? En plus je voulais pas aller au terminal de bus...tout est ma faute et blabla blablablabla (et que je ressasse et que je ressasse)

Petite voix : Allô ? Ça capte ou pas ? Et si tu te reposais un peu ? Et puis tu peux demander de                                l'aide...Et, franchement quelle importance de savoir qui c'est ?On s'en fout!

Intermède 2 : La détente

Ma famille m'appelle, on me raconte des blagues, ça me fait rire et ça m'aide à réaliser que ça boue vraiment à l'intérieur de moi. Pendant que Julien me fait à manger je gueule un bon coup dans sa voiture .
==> Aaaa ça va mieux si on allait marcher ?!

balade dans les forèts du coin avec le volcan en arrière plan


Je ne connais pas leur nom mais je vous présente les oiseaux de Pucon !


Lundi, après une deuxième nuit blanche.

Réaction 3 : Se replier sur soi

J'apprends que l'assurance ne peut pas m'aider.
J'ai les boules = angine (qui se déclenche en même temps que l'alerte éruption du volcan; si si si je vous jure on voyait la lave sur le sommet si c'est pas symbolique ça!!!)
Je trouve un hôtel familial tenu par une super mama (paaaarfait). Je décide d'y aller pour avoir une graaande chambre, être seule, faire l'hermite.
Et surtout, je ressasse.

Petite voix : Sinon c'est quand tu veux pour demander de l'aide hein ^^

Réaction 4 : Le silence pour retrouver l'unité.

Au bout de quelques jours en huis clos j'ai envie de changer ma vision des choses et c'est vrai que, pour ça, j'ai besoin d'aide.
D'ailleurs je tombe par hasard sur cette phrase : "É-NER-VÉ ou VÉ-NER-É dans quel sens veux tu prendre la chose?!"

Petite voix : Eurêkaaaa la connexion  re-marche!!!

Intermède 4 : Un autre regard.

Suite à une conversation via Skype je réalise que j'ai placé toute ma sécurité dans l'argent.
C'est-à-dire que, pour moi, si je n'ai pas d'argent je suis en danger, je ne peux pas vivre. Mais si j'en ai, j'ai peur d'en manquer alors je me prive de choses qui me font envies parce que je les juge "non essentielles".
Et là je constate que ok j'ai plus d'argent mais est-ce que je suis morte ? Non.
Est-ce que j'ai toujours de l'air dans mes poumons ? Oui.
J'ai juste oublié que l'argent ne reste qu'un moyen d'échange et qu'à travers ce dépouillement c'est une perche tendue pour me faire confiance puisque j'aurais toujours les bonnes idées qui me permettront de ne manquer de rien.
C'est juste que je ne peux plus contrôler.
D'ailleurs la citation que j'ai choisi pour mon carnet de voyage c'est "Saute et le filet apparaîtra". Y'a plus qu'à!!!!
Je crois que c'est ça l'expérience du lâcher-prise. C'est ne plus rien savoir, ne plus projeter, être dépouillée de toutes mes croyances pour finalement me retrouver à vivre le moment présent et laisser germer les idées qui me guideront vers les bons endroits au bon moment.

D'ailleurs je passe la journée d'après dans le parc naturel Huerquehue histoire de me recharger en douceur ! Ce qui est incroyable au Chili c'est que l'on passe du désert aride à des fôrets et des parcs naturels qui n'en finissent plus de s'étendre !




Les arbres de Huerquehue !







Quelques semaines plus tard...

Je n'ai aucun regret d'être allée à Pucon car avec un peu de recul je crois que je me sens libérée.
Trois semaines plus tard alors que je marchais me vient cette pensée :

"Tu vois Léa si tu demandes de l'abondance mais que tu n'acceptes pas d'en profiter et de recevoir tout ce qui t'es offert ben laisse tout ça à quelqu'un d'autre qui saura le faire! L'argent c'est pas fait pour stagner faut que ça sorte sinon ça constipe! Normalement il y a tout ce qu'il faut pour tout le monde sur la Terre alors profites!

Voilà....pour ce récit n´hésitez pas à laisser un commentaire, si des pensées vous viennent en tête c'est champ libre !!!



1 commentaire:

  1. bien rebondie.......et déjà capté l'essentiel...que j'ai oublié pour ma part.....merci pour la "leçon".....

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